L’histoire d’une pensée

Ce projet ambitieux, – documenter la genèse et le devenir de la théorie des organisations, sous forme d’entretiens filmés avec les fondateurs de cette discipline -, a été initié en 1997 par le sociologue Erhard Friedberg, le documentariste Laurent Canches et  Marie Oulion, spécialisée dans les nouvelles technologies.

Erhard Friedberg est avec Michel Crozier un des chefs de file de l’Ecole française de la sociologie des organisations. Il est aujourd’hui professeur émérite à Sciences Po.
Il a longtemps dirigé le Centre de sociologie des organisations (1992-2007),  développé plusieurs programmes de formation dont le DEA de sociologie des organisations, un Master of Public Affairs at Sciences Po. Il a formé un grand nombre de professionnels dirigeants à la sociologie des organisations. Longtemps professeur associé à la Hertie School (2007-2016), il a construit un programme expérimental de formation pour policy makers en Indonésie (Observing Policy-Making in Indonesia, avec Mary Hilderbrand, 2016). Il continue aujourd’hui son activité d’enseignant et s’intéresse notamment aux problématiques liées à l’implémentation des politiques de développement.

Dans un premier temps, il s’agissait pour Erhard Friedberg, tout comme Laurent Canches (formé au DEA de sociologie) d’aller à la rencontre des pères fondateurs de l’école française de sociologie des organisations. Le premier des interviewés a d’ailleurs été Michel Crozier (1998).  Une trentaine d’entretiens se sont enchaines sur les années suivantes, et il reste encore un champ large à explorer.

Ces rencontres ont été pur tous les acteurs une formidable aventure humaine et un enrichissement exceptionnel. Elles se sont majoritairement faites aux Etats-Unis, tant la recherche sur les théories de l’organisation y a été riche dès le début du 20ème siècle.

Si Laurent Canches s’est rapidement détourné du projet pour mener à bien une oeuvre très personnelle, Marie Oulion et Erhard Friedberg ont multiplié les entretiens,  et produit, grâce à de très nombreux sponsors, une activité éditoriale autour de cette matière particulièrement riche. C’est ainsi que s’est lentement construite L’Encyclopédie des théories de l’organisation, disponible sur screeeningorganisation.com.

 

1998 – 2004 – Aux racines de l’École française de sociologie des organisations

Au départ le projet était d’aller aux sources américaines de l’Ecole française de sociologie des organisations et de son livre fondateur publié par Michel Crozier en 1964 : Le Phénomène Bureaucratique. C’est ce qui explique en grande partie le choix des premiers entretiens, : Michel Crozier, puis Herbert A. Simon, James G. March, inventeurs de la notion de rationalité limitée, Charles Lindblom, père des notions d’incrémentalisme et de rationalité incrémentale, notions clefs et fondatrices pour la réflexion sur la décision, sur les organisations et plus généralement sur l’action collective.

 

Puis Chris Argyris, Peter Blau, Peter Drucker, le père du management moderne, Paul Lawrence, Charles Perrow, Philip Selznick, Thomas Schelling et William Foote Whyte.

A partir de 2004, il s’agit d’enrichir mais aussi d’élargir le champ à d’autres courants théoriques, notamment au néoinstitutionnalisme, à l’analyse des réseaux, l’écologie des populations et l’économie des organisations

Mais très vite, l’ambition du projet s’est étendue à la volonté de documenter aussi complètement que possible la genèse dans le temps des différentes approches qui ont jalonné le développement de la théorie moderne des organisations, des approches psycho-sociologiques aux théories économiques des organisations, en passant par les différentes perspectives sociologiques, et notamment l’analyse des réseaux sociaux. C’est ainsi qu’au fil des années ont été interviewés les principaux chefs de file encore vivants des différentes perspectives analytiques qui se sont développées de 1975-80 à nos jours dans le champ large de la théorie des organisations .

E. Friedberg a interviewé Nils Brunsson (Paris, 2002), John Meyer (Stanford, 2004 et Paris, 2012), Walter W. Powell (Paris, 2002, et Stanford 2009), W. Richard Scott (Stanford, 2004), Johan Olsen (Norvège, 2007), représentants et fondateurs de l’approche neo-institutionaliste, mais aussi David Hickson (2007) et Jay Lorsch (2005), tous les deux au fondement de l’approche de la contingence structurelle.

 

Une première ouverture sur l’analyse des réseaux en 2004 a lien avec l’interview d’Harrison White (Paris, 2002), connu pour avoir fondé l’approche des organisations comme réseaux sociaux et pour avoir le premier formulé une théorie sociologique des marchés économiques, Marc Granovetter (Paris, 2006) pour ses travaux sur les réseaux sociaux, Ronald Burt (Chicago, 2009, Paris, 2015) et John Padgett (2013)

 

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Michael Hannan apparait seul au catalogue comme représentant de l’écologie des organisations en 2009,

 

Les théories économiques des organisations ne sont pas en reste avec des personnalités aussi éminentes que Douglass North (Michigan, 2008) et Oliver WIlliamson, Stockholm, 2008).

 

D’autres rencontres avec des sociologues comme Marc Maurice (Aix-en-provence et Paris 2009) pour son travail sur l’analyse sociétale, Meyer Zald (2008), élève de Philip Selznick, ou Jean-Pierre Worms (2012) pour la scène française.

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